Il ne faut pas croire que le peuple pleure la mort d'un roi fantôme, non. Chaque chose est prétexte aux réjouissances à la Cour des Miracles et l'avènement prochain du nouveau roi fait vomir des têtes baveuses de tous les porches. Quand l'une d'elle présente un corps fraichement né à la clarté du jour, page gueulard qui brandit sa cloche et vérifie les rumeurs alors qu'il fait annonce officielle, c'est tout le bas Paris qui sort de chez lui pour faire la fête.
Et Malbec d'Andeleau, seigneur de Castel Mouche est fort aise quand le bas peuple s’amuse ainsi. Toutes ces couleurs, ces cris, cette joie … Quel bonheur de voir les gueux étaler leur râtiches branlantes pendant qu’on leur prélève éhontément les impôts. Il en aurait presque l’œil humide, n'est-ce pas ?

Sa Majesté des Mouches jette l’os de poulet qu’il a fini de dévorer, du haut de son balcon, sur la tête d’un type en gilet crasseux monté sur des échasses ridicules et tend sa serviette à son éminence pourpre, le bien nommé Sacanonne.

Mon fidèle Sac, j’ai prestement l’envie de me dégourdir les jambes et d’aller voir de plus près ces festivités sympathiques, je te confie … La Serviette ...

La Serviette ? Lecteur, n'en prends pas note. La mégalomanie du baron est impénétrable, pas comme son arrière-train ...

Son plastron de fête enfilé, la barbe soigneusement peignée, le nobliau descend dans la rue tout émoustillé à l’idée de se mêler à la populace. Il pousse à grands coup de bedaines les badauds pour se frayer un chemin lorsque qu'une silhouette affriolante manque de lui foncer dedans. Le baron est prêt à lui coller un coup de gantelêt pour lui apprendre la politesse lorsque sa main s'arrête au vol ...

Mes yeux m'abusent si ce n'est point vous ?

Un peu avant dans une sombre ruelle de la cour des Miracles.

Emmitouflée dans sa cape, Rosy longeait le pavé, en quête de son gain pour cette journée. Elle plissait le nez doucement reluquant les passants, cherchant et laissant faire son flair afin de trouver celui qui aurait la bourse la plus remplie. La faim lui tenaillait le ventre, les temps étaient bien durs depuis son arrivée ici. La vie ne lui avait pas sourit et elle se trouvait ici à chercher pitance dans les ruelles puantes de la cour des miracles.

Une douce lueur apparu dans ses yeux, en voyant arriver un homme non loin d'une passerelle. La Rosy le regarde avancer d'un œil expert.

Elle relève rapidement sa cape en s'approchant de sa victime, dévoilant doucement sa beauté, s'approchant de lui à la manière de ses filles de joie se collant à lui et glisse doucement ses doigts fins autour du cou de l'homme qui ne semble pas être intéressé. D'un geste habile et sur, sa fine main se glisse vers l'homme ...

Je n'ai pas besoin de tes services donzelle. Lance t'il en ricanant. Il ne s'attarde pas et continue sa route, continuant de ricaner de sa voix grasse.

Elle lui fait un léger sourire, poussant son geste même à l'ironie.

Une prochaine fois peut être finit elle par dire en se tournant, regardant du coin de l'œil la bourse qu'elle vient de dérober.

Elle range son butin rapidement dans ses jupons et relève aussitôt sa cape, il est temps de filer avant que l'homme ne se rende compte de son larcin.


Dans la dite ruelle

Du long de ses jambes fines, elle se faufile telle une souris parmi les gueux et autres marauds de la cour. Elle presse le pas et se met à courir pressée de savoir ce que contient la bourse. Elle s'engouffre rapidement dans une ruelle encore inconnue pour elle, elle manque de tomber à la renverse en bousculant l'homme qui se trouve sur sa route. Premier réflexe de voleuse, elle vérifie que sa bourse est encore là, tâte doucement ses jupons et soupire de soulagement. La capuche tombée sur les épaules dévoilant son visage, elle se relève doucement prête à grommeler.

Elle s'arrête bouché bée.

Non! Cela ne pas être lui Murmure t'elle.