Seathiel découvrait la ville avec Pommedapi à son bras. Il était fier comme un paon. Ils passèrent devant la cathédrale et l'Écossais fut impressionné par l'édifice. Il longèrent la Seine et arrivèrent dans un parc où les premiers signes du printemps pouvaient se sentir et se voir.

Toujours avec Pommedapi à son bras, ils entrèrent et allèrent s'asseoir sur un banc, tout près d'un grand chêne et de quelques arbustes aux fragrances bien agréable.

Ils restèrent ainsi, les mains de Pomme dans celles de Seathiel, sans dire un mot, profitant juste de l'instant. Au loin, quelques couples se promenaient, discutant gaiement de choses et autres.

Le Capitaine se tourna vers la jeune femme et lui sourit. Puis il lui dit.

Tout va bien Pomme? Vous ne regrettez pas cette balade?

Il lui vola alors un doux baiser.

S'il n'était pas vraiment sûr d'être réveillé à cause de la douleur dans son côté qui se réveillait doucement, le marin aurait pu croire qu'il rêvait tant tout ce qui l'entourait était parfait.

Le baiser se prolongeait et à vrai dire, il n'avait vraiment pas envie d'y mettre fin. Ce fut finalement Pommedapi qui arrêta d'elle-même leur baiser. Il plongea son regard ténébreux dans les prunelles chocolat de Pomme. Ils se sourirent jusqu'à ce qu'elle rompe le silence en lui disant qu'elle avait faim tout en lui montrant la besace.

Il lui lâcha les mains et ouvrit sa besace. Il en sortit deux belles pommes à la peau rouge. Cela le fit sourire car c'était le nom que les colons donnaient aux membres des tribus indiennes aux Amériques. Ce qu'ils pouvaient être bêtes et surtout, irrespectueux de gens dont ils avaient tout à apprendre.

Il tendit donc une pomme à sa compagne tout en lui souriant. Puis, il croqua à pleines dents dans le fruits. Après la première bouchée, il la posa près de lui sur le banc et, reprenant une main de Pomme dans la sienne, il lui dit.

Vous m'avez parlé d'acquérir une maison tout à l'heure. Vous allez donc habiter avec votre ami?

Il passa une de ses grandes mains dans ses longs cheveux qui étaient aussi noirs que les siens.

Pomme lui expliqua qu'elle n'allait pas prendre de maison avec son ami car celui-ci était parti et n'était pas revenu.
Puis elle lui dit qu'elle allait se prendre une maison plus petite. Enfin, elle s'attarda sur le petit rictus de douleur qu'il venait de faire. Elle était très attentionnée avec lui.

Heu... ce n'est rien Pomme, je vous assure. Juste quelques côtes qui n'ont pas aimé une bagarre sur mon galion. Je vous en parlerai plus tard si cela vous intéresse.

Il était touché par tant d'attention de la part de cette jeune femme qu'il connaissait à peine. Il prit sa main, la porta à ses lèvres et la baisa avec tendresse. Puis une idée lui traversa l'esprit. Il l'exposa sans préambule à son amie.

Dites-moi Pomme, je pensais à une petite chose, enfin, si cela vous dit évidemment.
On pourrait peut-être prendre une taverne tous les deux? Avec un petit logement au dessus? Je n'ai pas besoin de grande place pour ma part. Une chambre avec un lit, une table en guise de bureau et une chaise me suffisent.
Qu'en dites-vous?

Il lui souriait, espérant qu'elle ne le trouve point trop osé.

En rentrant à l’auberge, il faudra me montrer cette blessure. Je pourrai vous soulager.
J’ai quelques remèdes dans une besace.

Elle le regarda et le laissa lui baiser la main. Cet homme n’était que bonté et tendresse.
Elle passa à son tour sa main dans la chevelure de l’Ecossais et repoussa une mèche rebelle.

Une taverne ? oh ! Seathiel ! Oui ! dit-elle en se levant. Mais il faut un petit jardin pour Patou, Viene et votre fauve. Vous croyez que nous allons trouver facilement ?

Elle se rapprocha de lui et déposa un baiser sur son front d’abord et couvrit ensuite son visage d’une multitude de petits baisers qu’elle s’amusa à déposer ça et là.
Elle le regarda encore et ajouta en le tirant pas la main,
Venez, allons vite à la recherche de notre taverne.

Elle lui demanda sur un ton à la fois doux et directif de lui montrer sa blessure quand ils seraient rentrés à l'auberge. Il frissonna légèrement quand elle passa une main dans ses cheveux suite au baiser sur la main qu'il venait de lui donner.

Puis elle sauta presque de joie à la proposition du Capitaine. Elle lui soumit quelques idées pour lesquelles il acquiessa. Puis elle lui donna un baiser sur le front et couvrit ensuite son visage de petits baisers tous plus tendres les uns que les autres.

Enfin, elle lui prit la main pour qu'il parte à la recherche de leur taverne. Seulement, le marin n'en avait pas décidé ainsi. Il lui résista et la ramena vers lui. Il la fit s'asseoir sur ses genoux et l'enlaça. Tout en la regardant dans les yeux, il lui dit.

Pomme, nous avons le temps pour chercher notre taverne. Je dois recevoir quelques louis dans quelques jours et cela nous permettra d'acheter tranquillement notre propriété.
Pour l'heure, j'aimerai encore profiter de la douceur du climat et de la beauté de ce parc en votre compagnie. Ensuite, nous rentrerons à l'auberge pour souper avant que nous montions dans nos chambres.

Avant qu'elle n'ait le temps de lui répondre quoi que ce soit, il la serre un peu plus fort contre lui et l'embrassa avec passion.

L'Écossais tenait serrée Pomme contre lui, s'enivrant de son délicieux parfum acidulé. Ils restaient là alors que le parc s'était vidé de tous ses couples d'amoureux et de promeneurs solitaires.

Ils n'étaient donc plus que tous les deux et leurs animaux qui visiblement se supportaient sans problème. Seathiel ne voyait rien de ce qui se trouvait autour de lui. Oubliés les fleurs, les arbres, les papillons, les oiseaux. Il n'y avait plus que Pomme et lui.

Leur baiser dura et dura encore. Au bout d'un moment, le marin détacha ses lèvres de celles de sa compagne. Il la dévorait du regard, passant tendrement et délicatement ses mains dans son dos et sur sa cuisse. Enfin, il rompit le silence et lui dit avec une infinie douceur dans la voix.

Que diriez-vous si nous rentrions à l'auberge? Nous pourrions monter dans ma chambre et je vous montrerai ma blessure...

Son coeur battait à tout rompre. Il ne se souvenait pas d'avoir déjà ressenti ça auparavant si ce n'est pour cette squaw qui avait été tuée par la suite par une bande de colons jaloux.

Oui, il est temps de rentrer, elle déposa un baiser sur le bout de son nez, je veux voir cette vilaine blessure qui vous fait tant souffrir et qui m’inquiète, elle redéposa un autre baiser sur ses lèvres avant de se lever.

Elle ne se lassait pas de le regarder et de plonger son regard dans le sien, de dévorer sa bouche.

Elle le prit par la main et l’entraîna dans la ville sur le chemin de la taverne.

...

Seathiel arriva dans le parc tenant son amour par la main, la besace pleine des délicieuses victuailles qu'elle avait achetées. Ils retrouvèrent le banc où ils s'étaient assis quelques jours plus tôt.

Il prit sa douce amie par le cou et l'attira vers lui. Il lui fit un énorme baiser sur le front et se mit à lui caresser ses longs cheveux noirs corbeau. Le soleil arrivait doucement à son zénith et les chauffait de ses rayons printaniers.

Les chiens s'étaient couchés aux pieds de leur maîtresse et Cheyenne, le lynx en avait fait de même aux pieds de son maître.

Que les journées sont belles mon amour! lui dit-il amoureusement avant de poursuivre, J'aime cette ville et je crois que vous y êtes pour beaucoup. Et dans quelques heures, j'aurai mon argent et nous pourrons nous rendre chez le notaire finaliser notre achat.

Il avait de nouveau des projets plein la tête. Oh! Les voyages en mer étaient certainement terminés, mais il avait d'autres désirs. Comme celui de fonder une famille.

Assise contre Seathiel Pomme se laissait câliner tout en l'écoutant et en déballant les aliments achetés sur le marché.

Les journées sont si belles auprès de vous, c'est vrai, je ne vois pas le temps passer.
Et moi avant de vous rencontrer je n'aimais pas cette ville, dit-elle en lui déposant à son tour un baiser sur le nez.

Mangeons ! dit-elle en croquant à pleines dents dans une carotte et en lui en donnant.

Elle le regarda dans les yeux..

J'ai hâte d'être enfin chez nous.

Elle sortit les beignets.

Les deux amoureux discutaient de choses et autres, mangeant tranquillement ce que Pomme avait acheté. Tout était parfait. Autour d'eux, les couples se promenaient sans se soucier de quoi que ce soit.

Était-ce le printemps qui rendait ainsi tous les gens de Paris? En tout cas, le climat était à la légèreté, à l'insouciance, à l'amour. Et cela réjouissait pleinement le Capitaine.

Seathiel regarda le ciel et se tourna vers son amour. Puis il lui dit avec douceur.

Pomme, ma chérie, il est l'heure que j'aille à mon rendez-vous? Que désirez-vous faire? M'accompagner ou m'attendre ici?

Les deux amoureux profitaient du beau temps et de la douceur du climat qui s'était enfin poser sur la capitale. Ils mangèrent tout ce qu'elle avait acheté de bon. Pomme lui expliqua qu'elle ne tenait pas à rester seule ici à l'attendre.

Mon amour, je ne tiens pas non plus à vous laisser seule ici. Mais je ne veux rien vous imposer.

La belle amérindienne prit alors le dernier beignet dans sa bouche et vint donner l'autre bout à son amant. La bouchée terminée, ils prolongèrent en un baiser passionné.

Pomme se leva et Seathiel en fit autant. Il s'approcha alors de son amour et lui prit la main et prit alors le chemin du parvis de l'église.

Le comte et son épouse avaient quitté le bal tenu au Palais du Louvre. Ils devaient se parler, et Lomax sentait que cela ne pouvait attendre. Ils prirent la direction d'un jardin de Paris, afin d'y être tranquille.

Il en choisit un, non loin du château, ce qui le rendait à la fois plus sûr, et également leur donnerait moins de chemin à parcourir pour revenir chez eux.
Ils entrèrent dans un parc dont les hauts arbres encore bien feuillus rappelaient le jardin de leur mariage.

La nuit était belle, le ciel parsemé d'étoiles, et dont la lune éclairait la moindre parcelle.
Arrivés près d'un banc, ils s'assirent tous les deux, et Lomax prit la parole, d'un air quelque peu renfrogné.

Tu lui as donc cédé la cabane, NOTRE cabane... Lomax se remémorait alors tout ce qu'ils y avaient vécu.N'y étais-tu donc pas plus attachée ? après tout ce qui s'est passé ? les pires moments, certes, mais également les plus beaux. Nous avons tous les deux remis en état cette maison, elle devait être la tienne, celle dont tu rêvais.

Je comptais te proposer d'aller vivre la bas, et de garder le château comme lieu de travail. Mais peut-être faisais-je fausse route. Il me semblait pourtant que reculés dans la forêt, au calme et au vert, nous aurions été des plus heureux. Je sais que cet homme t'a sauvé la vie...

Son regard paraissait décontenancé, il ne savait plus quoi dire. Il était fort déçu, certes, mais dans un sens, il ne pouvait en vouloir vraiment à Leane. Il aurait du lui faire part plus tôt de ses projets, de ses intentions. D'un coté, comment aurait-il pu savoir...

Leane avait suivi Lomax sans dire un mot, c'est à peine si elle avait dit au revoir aux personnes présentes au bal, elle s'était sentie comme un peu absente à tout cela. Pour l'heure la seule chose qui importait pour elle était qu'elle avait blessé son époux, bien malgré elle. Elle avait lu la colère, le déception dans ses yeux. A l'instant elle prenait pleinement conscience de la teneur de son geste.
Le jardin était calme en ce milieu de nuit, le seul buit que l'on pouvait entendre était celui d'une légère brise froissant les feuilles.
La jeune femme s'installa près de Lomax. Serrant les plis de ses jupes dans ses mains, elle se prépara à essuyer tout un flot de reproches qui ne tarda pas à arriver.

Certains de ses mots lui firent mal mais tous étaient justifiés, elle n'avait aucune excuse. Quelle idiote elle avait été...et de ne pas en avoir discuté avec lui surtout.

Ne dis pas que je n'y étais pas attachée, tu sais que c'est faux et à quel point je tiens à cette maison. Elle est notre histoire. Et quand je l'ai vu en grande partie détruite, j'ai été anéantie.
Si j'avais pu soupçonner ne serait-ce qu'un instant la possbilité que nous pourrions retourner y vivre, les choses auraient été différentes.
J'étais persuadée que tu voudrais rester au chateau et je ne pouvais pas me résoudre à savoir notre maison à l'abandon.
Je sais que j'ai agi très vite mais dans mon esprit tout semblait très clair: le Comte ne pourrait pas se contenter d'une cabane au milieu des bois.

Le regard dirigé droit devant elle, Leane n'osait se tourner vers Lomax tellement elle se sentait honteuse et coupable. Elle n'avait pas plus envie de lire à nouveau la déception sur son visage.

Je ne sais pas quoi te dire si ce n'est que je suis profondément désolée.
Je pensais, à tort je m'en rends compte maintenant, que cela n'avait plus d'importance pour toi. Je te voyais constament occupé aux affaires de la mairie ou du Comté, si loin de moi...de nous.

Lomax, j'ai vraiment cru que je... Leane hésita quelques instants... Que notre mariage passait au second plan.

Elle ajouta plus bas: Jai même pensé que tu ne voudrais plus de moi, que tu serais mieux sans moi.