Helenia qui revenait de la mine apres sa longue journée de travail, arrivait vers chez elle quand elle entendit des gémissements près de l'autre maison qui était abandonné.

En fait, en s'avançant, elle s'aperçut que c'était plus près du lac.

Elle allait rebrousser chemin quand elle entendit encore ces gémissement. Elle s'avança encore en tassant les broussailles. Un peu effrayer mais avec l'habitude des routes, elle alla de l'avant. Pour y découvrir, un peu plus bas, de la hauteur d'un mollet, un homme qui se terrait en finissant de manger un morceau de pain.

Hooo, mais pourquoi vous cachez vous ainsi ? lui demanda-t-elle avec douceur sans oser s'avancer plus avant, reconnaissant la peur, la faim dans le comportement de cet homme.

Voyant qu'il ne lui répondait pas, mais qu'il n'était pas vraiment agressif, Helenia lui dit avec douceur,

Écoutez, je vais vous laisser tranquille, seulement, si vous avez besoin d'aide, manger par exemple, ce qu'elle savait par expérience, et dormir paisiblement, ma chaumine est pas loin d'ici, vous avez qu'à y venir et je vous aiderai.

Elle s'assura qu'il avait comprit, et le quitta. Non sans mal. N'étant pas dans sa nature de ne pas aidé les personnes tels que lui. Elle en avait vu de toutes les sortes, elle-meme d'ailleurs, et elle s'était toujours promis de faire ce qu'elle pouvait.

Toutefois, on ne peut forcer quelqu'un.

De toute manière, il n'avait qu'à la suivre. Non elle n'avait plus peur. Ayant bien comprit, que lui avait peur. De quoi ? S'il ne lui disait pas, elle ne pourrait l'aider.

Sans regarder derrière elle, Helenia se rendit chez elle.

En fait, elle avait l'intuition qu'il ne devait pas etre très loin derriere. Pour ne pas l'effaroucher plus qu'il en fallait, elle faisait mine de rien.

Surtout, le laisser aller par lui meme. Non le brusquer.

ayant entendu parler du lac , je me dis qu il fallait que j y aille faire un tour ; tout en promenent je pensais toujours à flamme . ma promenade me fit un bien fou , de loin j aperçu peredunod mais ne voulant pas me faire remarquer ce jour je continuais ma route ;

"Morbleu, allez donc essayer d'aider une fille en détresse! songea-t-il..Pour la gratitude que l'on en reçoit!"

Il se stabilisa dans l'eau, et fit une tentative pour effectuer une présentation correcte, ce qui n'est pas simple en milieu aquatique.

"Bonjour, jeune demoiselle, et n'ayez crainte, je pensais que vous alliez vous noyer.
Je me présente, Thibaut de La Tour, honorablement connu en la cité toute proche de Vertus."

Très symbolique inclinaison du buste.

"Et qui donc ai-je failli sauver de la noyade, jeune Dame?"

Il dissimulait l'amusement que lui procurait la presqu'enfant en face de lui.

Il lui sourit, c'est encore une enfant...

"Bien évidemment que je vais te trouver du travail!
Cours à Vertus.
Tu y trouveras tes demi-soeurs, Alinea et Eloïse.
Plihe, mon frère, y est aussi actuellement.
Ils te protégeront."

Il réfléchit...

"Tu peux aussi aller voir de ma part Dame Lugar, à l'auberge, il est possible qu'elle puisse t'aider pour un travail sur place."

Il lui ébouriffe les cheveux.

"As-tu compris? Moi, je dois aller à Paris, retrouver ma soeur, mais je veux être certain que tu es d'accord avant de partir."

[de l'autre coté du lac]


Déboulant de la ville, ils arrivèrent très vite au bord de l’eau, dans un bruit de cavalcade effrénée. Sur les derniers mètres, il l’avait légèrement dépassée, et il s’arrêta brusquement, lui coupant la route. Elle vint fatalement achever sa course contre lui, et il la garda serrée un bref instant, presque imperceptible, un bras autour de sa taille, avant de la libérer.

Allons… Elle doit être froide vous savez, il faut y aller doucement !

En parlant de froid… Il n’en subissait guère les rigueurs, et le corps souple un instant collé au sien lui avait diffusé une chaleur intense, presque une brûlure. Il respirait lentement, l’observant du coin de l’œil, un peu essoufflée elle aussi.

Il avait remarqué, loin d’eux, deux silhouettes emmitouflées, sans y prendre garde. Il reprit donc, à l’attention de sa compagne :

Jeune retraité, oui. Je n’ai guère que vingt-deux ans, et déjà pas mal de combats derrière moi.

Il sourit légèrement.

Je suis cadet de famille, donc pauvre puisque c’est d’un petit fief que nous vivions. J’avais donc deux choix. La bure. Il grimaça. Ou la vie militaire. J’ai choisi la seconde, par goût de l’aventure. C’est donc à 16 ans que je suis parti, laissant mon frère ainé gérer les terres, suite au décès de mon père, glorieusement mort sous les effets conjugués de l’alcool et de la bonne chère.

Il s’assit sur un banc de pierre, invitant du plat de la main Eloïse à s’installer à coté de lui.

J’ai donc intégré la cavalerie royale, le régiment de chevau-légers des Montmorency. Six années de campagnes diverses, six années passées à vivre tout instant comme s’il était le dernier. Et pour beaucoup il était le dernier. Notre arme est conçue pour la reconnaissance, le harcèlement et les charges latérales. C’est là que l’on meure le plus. Et un beau matin, je me suis aperçu que j’étais le plus vieux ! J’ai fermé les yeux, et j’ai vu les cadavres de tous ceux qui sont tombés à coté de moi, tous mes frères d’armes, ceux qui m’avaient presque donné une famille. J’ai compté les chevaux crevés sous moi. J’ai compté les charges, les batailles, les embuscades, tendues ou subies.
Au rassemblement, dans la cour, j’ai observé la section que je commandais. Des gamins, les yeux vides déjà. Oh, de bons soldats, habiles, courageux, disciplinés. Le prolongement de mon bras, une phalange capable de percer n’importe quelle ligne, piétinant ses morts pour avancer, toujours, le regard fixé sur l’oriflamme. Et là encore, j’ai compté combien étaient tombés derrière moi, sur un mot, un ordre.

Il marqua une pause, le regard vague, perdu sur les clapotis du lac qui scintillait sous le soleil. Il se demandait un peu pourquoi il s’ouvrait, pourquoi il racontait cela à une presque inconnue finalement, qui devait considérer la guerre comme une lointaine distraction.

J’ai…

Il s’éclaircit la voix, lui jetant un coup d’œil.

J’avais une sœur, votre âge a peu près. Elle m’écrivait, souvent. Elle était un peu ce qui me rattachait à l’humanité, un point d’ancrage dans la folie des guerres, des marches et des retraites. Difficile à décrire… Une sorte de promesse que cela pouvait finir, qu’il y avait autre chose, vous comprenez ?

Il avait soudainement soif, la gorge sèche et un peu serrée. Il réalisa qu’il en parlait pour la première fois, il réalisa aussi qu’il était en train de gâcher consciencieusement ce qui aurait du être une belle journée. Il se leva d’un coup.

Marchons un peu, voulez-vous ? Je cesse de vous importuner avec tout ça. Je ne suis finalement qu’un « vieux » soldat comme beaucoup d’autres, aigri et désabusé.
Allons, vous me montrerez là où vous jouiez, enfant.

Enfermée dans une grotte ?

Satisfait qu'un autre sujet de conversation prenne le dessus, il la regarda, amusé.

Mais vous aviez de drôles d'idées vous !

Il ajouta, taquin :

Ca n'est certes pas la place d'une jeune fille de bonne famille.

Il sourit largement, pensant à quelque chose.

Ne craignez-vous point que nous ne nous y perdions à nouveau ? Et que cousin Thibaut nous y vienne chercher ?

Réprimant un rire, il poursuivit, frolant son bras du sien, les yeux pétillants :

Nous nous enroulerons dans ma cape, à la guerre comme à la guerre !

Ce chateau que vous évoquez... Il me semble qu'il est sur la route de Meaux, je ne le connais pas mais j'en ai entendu parler je crois, une bien belle batisse d'apres les dires.

Un jour peut-être, vous verrez mon "chateau". Mais attention, je vous interdis d'en rire ! D'abord il n'est pas à moi, même si mon frère m'y acceuille toujours à bras ouverts, mais en plus, il a fallu que mon aieul y ajoute une tour pour faire plus serieux, car en réalité ça n'est guère qu'une grosse ferme. Les granges y regorgent de foin... Faible valeur marchande, mais terrain de jeux idéal pour des enfants. Voire pour de grands enfants !

Le sourire aux lèvres, il la regarda, l'air mutin.

Un trésor ? Mais ma chère, je gage que si nous nous perdons dans ce dédale, j’en trouverais un , moi, de trésor…

Il l’observait entre ses cils, s’amusant de la voir si vive à se prendre au jeu des sous-entendus.

Quant à votre cousin, je ne sais ce qu’il préférerait, la grotte ou le foin. Pour ma part c’est tout vu, le foin est chaud et doux. On s’y perd facilement entre les meules, et… l’on s’y retrouve tout aussi facilement, il suffit de le vouloir !

Il sourit à l’évocation d’une course à cheval.

Vous montez ?

Il la regarda, détaillant le corps manifestement musclé sous la robe légère.

Je n’en serais pas surpris, vous avez le teint du grand air. A Paris vous seriez taxée de noirceur ! Mais… Moi, j’adore, vous avez la couleur de la vie, pas la pâleur des cadavres !
Enfin, tout ça pour dire que nous pourrions effectivement aller visiter vos amis, j’avoue étouffer assez vite en ville. J’ai besoin d’air, de champs, de forêts.

Il hésita, avant d’ajouter :

Et d’une bonne chevauchée… Cheveux au vent !

Il réprima un rire et détourna la tête, rougissant presque.