NOUVEAU FORUM DES DROITS DIVINS

La ruelle était calme, comme à son habitude. La nuit bien avancée, Ambroisie l'emprunta comme à chaque fois qu'elle avait besoin de se retrouver un peu seule.

Ce soir, le Comte avait eu des propos désastreux. Jalousie ? Fatigue ? Saute d'humeur ?
Quand bien même .... Cela ne justifiait plus son attitude de ces derniers jours, et encore moins de ce soir.
Il s'était mis à virer un soldat de la caserne, fraichement engagé, qui semblait prometteur. Tout ça pour quoi ? Quelques mots malheureux ? Le besoin de s'affirmer par rapport à elle ? Il l'avait prise pour son objet, son acquis ... Elle ... elle aurait tout donné pour lui .. mais pas dans ces termes, pas avec cet autre Agius ...

Elle avait retenu ses larmes ... Un Capitaine ne pleure pas devant ses hommes ... un Capitaine défend ses hommes au péril de lui-même.

Les questions se bousculaient dans sa tête. Elle se posa contre le lourd mur de la caserne et leva les yeux vers les étoiles ... Nulle étoile, le ciel était chargé ... Il se mit à tomber de la pluie. D'abord une fine brume de ces grains humides envahit la passe, grossissant lentement vers des perles d'eau plus denses ...

Comme elle aimait la pluie. Elle ferma les yeux.

Elle eut à peine le temps de fermer les yeux, qu’une petite voix se fit entendre. C’était le jeune soldat fraîchement exclu sans scrupule de la Caserne par le diabolique Comte Agius

Capitaine Ambroisie ?
Mais que faites-vous ici à une heure aussi tardive ?
Allez ! Suivez moi je vous ramène chez vous avant que la pluie se fasse plus forte.

Ambroisie obéissa et se mit à le suivre.
Après quelques minutes de marche sans un mot, Judoka brisa le silence

Je voulez vous remercier de m’avoir défendu tout à l’heure. Prenez ça comme un compliment, mais je dois vous dire que vous êtes très courageuse pour une femme.

Ambroisie ne répondit pas mais le jeune homme vit un petit sourire se dessiner sur son petit visage poupon. Puis ils continuèrent à marcher sans dire un mot jusqu’à la demeure du Capitaine.

Vous voilà arrivé à bon port, ma chère ! Je vous laisse vous reposer car vous en avez grandement besoin.
J’espère avoir l’occasion de vous revoir bientôt !
Bonne nuit.

Ambroisie lui fit un signe de la tête pour le remercier de l’avoir raccompagné puis alla se coucher. Quant à Judoka n’ayant plus de lit à la Caserne, il alla à la Taverne de la Marée Basse sans doute pour oublier.

Après une courte nuit à dormir sous un porche de la ruelle des Coquelicots, Judoka fut réveillé par la trompette matinale de la Caserne servant à réveiller les soldats.
Il s’étira puis alla se poster à quelques pas de l’entrée de la Caserne histoire qu’Ambroisie le voit à son arrivée.

Alors qu'elle était à peine perdue dans ses pensées, Judoka était venu la retrouver dans la passe. Etrange coïncidence ou peut-être se souciait il de ce que les mots blessants qu'elle avait entendu la veille lui faisaient. Toujours est il qu'il se trouvait là, sous la pluie battante à lui parler, se voulant réconfortant.
Il lui proposa de la raccompagner, ce qu'elle accepta non sans mal. Le château du Comte était aux abords de la ville. Depuis son retour à Paris, c'était dans ses murs qu'elle avait été invitée. Elle en frémit d'un coup, de savoir que le Comte l'attendait sans doute.
Ainsi raccompagnée, elle salua Judoka, tristement. Elle avait pénétré dans l'enceinte du lieu qui prenait là une dimension bien moins bienveillante qu'auparavant.

La nuit s'était passée ... Comme il était tard, elle n'avait pas vu le Comte. Tôt le matin, elle repartit pour rejoindre la caserne, comme tous les jours. Elle avait entendu ses pas dans la chambre et s'était précipitée dehors, les cheveux ébouriffés d'une nuit agitée. Le regard posé en arrière, elle n'avait pas aperçu la silhouette qui se tenait non loin de la caserne ... Judoka ...

Lorsque que le pauvre Judoka, la vit une étrange sensation est soudainement montée en lui.
Il était d'un coup, d'un seul vidé de tout souci, la simple vue d'Ambroisie suffisait à son bonheur.
En la voyant, il lui fit un geste mais cette dernière ne le remarqua et le laissa comme un gros bêta en plein milieu de la place. L'enthousiasme du jeune homme s'effondra alors.
L'avez-vous déjà oubliée?
Mais optimiste comme tout, il se convainc qu'elle n'avait pas du le voir car elle devait encore avoir l'esprit préoccupé par la violente dispute qu'elle avait la veille au soir avec le Comte Agius!
Ne sachant que faire Judoka alla se rasseoir dans la passe des Coquelicots afin de songer à son avenir!

Ambroisie s'approcha de la caserne quand elle aperçut une silhouette familière. D'abord hésitante, elle s'engagea dans l'allée à sa suite. L'homme ne marchait pas vite mais avec son mal, elle boitait toujours. Elle avait oublié de prendre sa tisane calmante et la douleur remonta le long de sa cuisse. Pourtant, elle continua à le suivre. Cet homme l'intriguait de plus en plus. Il avait été là la veille, et le fait de le rencontrer encore, raffermit cette impression en elle.

Elle finit par l'appeler doucement. Messire Judoka ...

Il s'arrêta et se retourna. Elle stoppa alors son évolution et le regarda dans les yeux. Elle fut impressionnée par la stature de l'homme qui se trouvait devant elle.

Je ... je suis surprise de vous voir par ici ... Elle fit une courte pause puis reprit timidement. Je vous remercie ... pour hier ...

Surpris de la voir ici, Judoka resta scotché là sans dire un mot. Après quelques instants, il lui répondit

Vous n’avez pas à vous excuser. Je me devais de ramener une Dame de votre rang chez elle à cette heure si tardive !

Ambroisie gênée se mit à rougir.
Le voyant, Judoka continua à la flatter

Mais quelle est donc cette odeur esquisse ? Serait-ce votre parfum ?

C'est de plus en plus gênée qu'elle se trouvait devant cet homme qu'elle ne connaissait que trop peu. Ambroisie se tenait à quelques pas de lui dans la passe déserte et tôt le matin. L'effervescence de la ville était loin de la caserne et celle ci était encore trop peu habitée que pour voir défiler des soldats à cette heure.
L'intimité de l'endroit procurait des sentiments contradictoires dans le coeur de la jeune fille. Elle le fixait dans ses profonds yeux d'ébène, comme pour s'y perdre et chercher quelques réconforts ou réponses ... Elle écoutait sa voix adoucie par rapport à cette veillée en taverne avec le Comte.
Quand il évoqua son parfum, ses joues s'empourprèrent et elle s'avança près de lui, se penchant près de son oreille, le souffle chaud de sa respiration effleurant le cou dénudé du jeune homme. L'instant semblait s'éterniser. Elle murmura alors quelques mots à son attention.

Spoiler:

Elle se redressa ensuite, baissant les yeux, un peu gênée.

En un rien de temps, Ambroisie avait analysé Judoka, elle crut retrouver dans sa pâleur les indices de cette faiblesse qui livre ces hommes si forts à la fascination des femmes, elle s’approcha assez près de lui pour lui murmurer quelques mots mais aussi pour qu’il puisse respirer ces terribles parfums aimés dont se grisent les amoureux…

Judoka était enivré par le parfum et lui permis ainsi d’oublier ces soucis durant cette période.
Il était de plus en plus captivé par cette jeune femme qui le rendait à l’aise, sûr de lui…

De plus que ce matin là, Ambroisie était délicieusement mise. Ce qui ne laissa pas le jeune homme indifférent. Elle était vêtue d’une robe de velours noir qui semblait à chaque instant près de quitter ses belles épaules.

Encore sous le charme, et n’ayant pas réalisé complètement les mots doux et un brin provocateur d’Ambroisie, le jeune continua à la flatter :

Vous êtes vraiment resplendissante!
Mais puis-je me permette de vous demander pour quelle occasion vous vous êtes vêtue d’une façon aussi élégante et charmante ? Car si je ne me trompe pas ceci n’est pas votre tenue de travail.

Puis la fixa dans les yeux avec un regard admiratif…

Son regard se faisait plus pénétrant, plus puissant, comme celui qui sait qu'il a une emprise infime sur l'esprit d'un autre. Il ne se trompait pas sur l'effet qu'il lui faisait. Ambroisie avait plongé les yeux dans les siens, absorbées par sa voix, son charme.
Dès les premiers moments où elle l'avait remarqué, elle avait été attirée par lui.

Elle remarqua alors que ses yeux quittaient les siens pour se poser sur sa tenue qui la mettait en valeur, les épaules dénudées, ses doux cheveux blonds bouclés cascadant sur celles ci dans un jeu de volupté. Certaines mèches tombaient sur son visage, le reste étant retenu dans un petit chignon.

Vous .. vous me gênez, messire Judoka ... vos mots sont comme du miel que j'apprécie de savourer ...

Son audace la surprenait elle-même. Mais elle n'avait pas envie qu'il s'en aille ...

Cette robe est une toilette de ville, en effet. Je me change à la caserne habituellement. J'espère .... qu'elle vous plait ...

Elle fit un pas à nouveau dans sa direction.

Ambroisie était de plus en plus gênée par les nombreuses paroles du jeune homme cependant elle se sentait si bien en sa présence qu’elle aurait tout fait en son pouvoir pour que ce moment ci dure.

La robe noire, la robe parfaite !! Elle est magnifique, absolument magnifique ... et elle vous va à merveille, j’aime l’allure qu'elle vous donne.

En entendant ces nouveaux mots, Ambroisie s’approcha de lui.

Elle s'approcha toujours de l'homme au regard bridé. Ses petits yeux fins et pénétrants ne cessaient de la regarder.

Excusez ce long silence ... je ... Soudainement un bruit vint troubler la tranquillité de la ruelle. Agius apparut à l'entrée, entouré de deux de ses gardes personnels.

Ambroisie se retourna pour constater cette présence qu'elle n'attendait pas. D'un pas de recul, elle se heurta au torse de Judoka qui la réceptionna.

Judoka était de plus en plus obnubilé par cette jeune femme qui ne laissait pas indifférent !

Soudain Agius débarqua dans la ruelle accompagné de deux de ces gardes du corps. Cette apparition soudaine tétanisa Ambroisie qui trébucha sur Judoka qui la réceptionna tant bien que mal malgré son état de malaise !

Judoka tremblait de tout son corps. Qu’allait dire Agius en le voyant ? Qu’allait-il lui arriver ? Et à Dame Ambroisie ?

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[RP] La passe des coquelicots, près de la caserne