NOUVEAU FORUM DES DROITS DIVINS

Il mit pied à terre ; il serait plus facile ainsi de pister cette nouvelle "proie". Il scrutait le sol attentivement, tenant le cheval par la bride. Le sol, asséché depuis des jours par la chaleur extraodirnaire de ces derniers jours de printemps, gardait longtemps les marques du puissant destrier.
Pourtant cette piste visible disparu... Le comte se pencha au sol pour chercher un signe du destrier et de sa précieuse cavalière. Au bord de l'étroit chemin, il remarqua plusieurs herbes écrasées, probablement par les sabots d'une bête... chargée. Il remonta en selle et poursuivit son chemin.

Le disque solaire peinait à dévoiler ses rayons d'or au travers du feuillage luxiuriante des alentours. Quelques taches de lumière frémissaient au sol sous l'action de la brise. Au loin, le bruit cristallin d'un petit ruisseau. Un vrai petit Paradis en somme.

Il remarqua pour sa plus grande satisfaction que Blanche s'abreuvait innocemment au cours d'eau. Il sortit son épée de son fourreau de cuir et avança. Le soleil, à découvert, lui chauffait l'échine et il voyait son ombre s'étendre gigantesque devant lui.
Lorsqu'il arriva enfin à sa rencontre, il se pencha au-dessus de sa selle et lui dit d'une voix amusée.

- Alors madame, votre petite ballade est-elle terminée ? Nous pouvons peut-être regagner les hommes qui s'impatientent sûrement de ne plus voir.

Ce qu'elle avait pris pour un loup ou une autre bête affamée n'était finalement que le Comte...et sa monture.
Devait-elle être rassurée de savoir que ce prédateur n'était que son ravisseur, lui évitant ainsi d'être dévorée ?
Ou devait-elle être frustrée qu'il l'ait finalement retrouvé malgrès tous ses efforts ?
La frustration l'emporta aisément...Elle aurait cent fois préférée être dévorée par un animal féroce que de se retrouver une nouvelle fois face à ce traitre...

- Alors madame, votre petite ballade est-elle terminée ? Nous pouvons peut-être regagner les hommes qui s'impatientent sûrement de ne plus voir.

- Pff... Vous êtes décidemment bien lâche... Deux fois vous me surprenez... Et deux fois lorsque je suis la plus vulnérable... Vous êtes pitoyable.

Elle lui jeta un regard méprisant, avant de croiser les bras et de déclarer :

Et puis la balade est loin d'être terminée messire... Sa Majesté a décidé de dresser sa tente ici même pour la journée.
Vous n'avez mieux pas intêret à aller contre sa volonté... Elle qui allait justemment vous nommer Roy....

Elle ne put s'empêcher de rire nerveusement à sa dernière phrase, des plus ironiques, bien entendu.
En effet, la Reyne n'était pas décidée à se laisser faire. Allait-il relever le défi qu'elle venait implicitement de lui lancer...?
Les dés étaient une nouvelle fois jetés..

- Pff... Vous êtes décidemment bien lâche... Deux fois vous me surprenez... Et deux fois lorsque je suis la plus vulnérable... Vous êtes pitoyable.

Le comte se renversa en arrière et éclata d'un rire sonore qui retentit dans les bois. Il lui répondit la larme à l'oeil :

- Lâche ! Pitoyable ! Voilà qui est fort ! Apprenez ma chère que courage n'est pas témérité. J'ai le courage de dire tout haut ce que d'autres pensent, mais je n'aurais jamais la stupidité de vous laisser vagabonder partout dans le royaume.

Et puis la balade est loin d'être terminée messire... Sa Majesté a décidé de dresser sa tente ici même pour la journée.
Vous n'avez mieux pas intêret à aller contre sa volonté... Elle qui allait justemment vous nommer Roy....

Il écouta la seconde diatribe de la future Reyne. Se penchant sur sa selle pour qu'il comprenne chaque syllabe de sa réponse. Son sourire s'effaça. Il regarda de droite à gauche.

-Sa Majesté ? Vous vous désignez vous même sous le sobriquet de Majesté... Ma foi, vous êtes la plus pitoyable. Vous vous accrochez encore faibrilement à votre titre comme un homme s'accroche à une branche sur le point de rompre au-dessus du précipice. Ôtez ce monde de superficialités, d'inepties... Tout ceci tourne à la farce la plus grotesque. Vous êtes seule, dans les bois et non pas dans un palais avec une foule de courtisans à vos pieds. La vérité vous est dure et vous ne désirez pas me faire Roy ?

Il sauta à terre prestement et l'épée à la main se dirigea vers Blanche.

- Vous allez pourtant le faire, en ce moment même, de gré ou de force. Votre refus entraînerait une guerre. Aimez-vous assez le peuple françoys pour l'empêcher de s'entredéchirer ? Vous avez une occasion de le prouver... Je suis vraiment las de cette petite chasse, d'autant plus que j'ai d'autres chats à fouetter. Alors allez-vous une dernière fois, signer ce papier ?

Place aux mots

"De dire tout haut ce que d'autres pensent ...?" Allons Agius... Si c'était réellement le cas, pourquoi ne pas avoir affronté la Royauté sur la place publique parisienne ?
Je pense qu'il faut mieux se taire que murmurer ses projets à l'oreille des rats de la chaumière où vous m'aviez enfermée....car ce n'est ni plus, ni moins ce que vous venez de faire étant donné que vous vous permettiez de critiquer le Roy sans que je puisse riposter...

Elle insista fortement sur son nom, car pour elle, il n'était plus Comte, il n'était plus noble, il n'était plus rien, à part un simple brigand.
Elle le vit sauter de son cheval et tirer son épée... Même si l'idée qu'il pouvait disposer d'elle comme il le souhaitait l'effraya d'abord, il fallait qu'elle reste forte...qu'elle ne fléchisse pas...

Elle avait, en plus, un certain avantage sur lui...il fallait en profiter...remettre, lui et son insolence permanente à leur véritable place...
Par raison de sécurité, elle préféra néamoins reculer de quelques pas, avant de continuer :

Agius ... Que je sois ici, dans une cave ou dans un palais, tant que je demeure sur le Royaume, je suis et je reste la Reyne Régente de France. Voilà la seule et unique vérité.

Elle fit une courte pause pour regarder l'expression de son visage avant de reprendre :

Vous avez véritablement "d'autres chats à fouetter" ? Alors pourquoi ne pas avoir laissé vos hommes me rattraper..?

Hum....

Rangez cette épée... Vous êtes ridicule .... Cela ne sert à rien de m'impressioner car vous savez bien que je suis la seule à pouvoir vous donner ce que vous recherchez tant...
Si vous me blessez ou si vous me tuez, vous perdez toutes vos chances d'accèder au trône...

Vous savez...j'aime suffisement le peuple françois pour l'empêcher d'avoir un Roy tel que vous...Alors non Agius...
Je ne signerai pas....
Vous parlez de guerre et d'un conflit prochain ? Je ne vois qu'un homme, totalement impuissant devant moi, et qui serait bien incapable de mener quoique cela soit, face aux troupes royales !

"De dire tout haut ce que d'autres pensent ...?" Allons Agius... Si c'était réellement le cas, pourquoi ne pas avoir affronté la Royauté sur la place publique parisienne ?
Je pense qu'il faut mieux se taire que murmurer ses projets à l'oreille des rats de la chaumière où vous m'aviez enfermée....car ce n'est ni plus, ni moins ce que vous venez de faire étant donné que vous vous permettiez de critiquer le Roy sans que je puisse riposter...

- Décidément, vous êtes bien naïve... Croyez-vous que le peuple de Paris, qui n'a jamais vu, le joli visage de son Roy, ignorant les prétendues largesses que vous croyez avoir fait, se serait rangé de votre côté ou du mien ? Une révolution vous aurait coûté bien plus que cette situation...
Par les foudres du Ciel, taisez-vous ! Vous devenez pitoyable dans vos gérémiades larmoyantes sur votre faiblesse. Se plaindre n'est que le signe des impuissants...

Il s'approcha dangereusement, serrant dans sa main droite le pommeau de son épée finement ouvragée.

Agius ... Que je sois ici, dans une cave ou dans un palais, tant que je demeure sur le Royaume, je suis et je reste la Reyne Régente de France. Voilà la seule et unique vérité.

- Hum... Je vais vous dire une autre de ces vérités... Votre Roy dont vous semblez glorifier l'intelligence a bâti son pouvoir sur un château de sable. En effet, selon ses propres dires, il n'a jamais eu un pouvoir, n'ayant jamais été couronné par un religieux... Son pouvoir n'est donc qu'un pouvoir futile et en aucun cas un pouvoir tenu par Dieu. Autre vérité, le Roy n'ayant aucun pouvoir, vous n'en avez pas plus. Autant que les Pairs qui se gargarisent de leurs rangs. Fétus de paille ! La seule vérité est au bout d'une épée...
D'ailleurs, vous ne m'êtes d'aucune utilité. Je ne voulais votre signature que pour avoir un argument de plus à la Pairie et éviter un combat aussi stupide qu'harassant. D'autant plus que nous savons tous l'issue d'un tel conflit... Mais avec ou sans vous, le soleil brillera encore... Votre signature n'est plus qu'encre et si vous vous entêtez encore Blanche, votre sang tâchera ce sol buccolique. Signez et je vous laisse la vie.

Les troupes royales ? Mais laissez-moi rire. Oû sont donc leurs trompettes ? Où sont donc leurs clairons. Qu'une bande de gueux attiré plus par l'argent que par l'honneur, qui n'a jamais existé entre nous, de cette royauté. Si j'avais laissé quelqu'un d'autre que moi, il aurait été beaucoup moins magnanime...

Ce papier ne représente plus rien pour moi... Il n'a qu'une signification pour vous. La vie ou l'entêtement stupide d'un héroïsme faux qui vous mênera à la mort.

La lame mainenant n'était qu'à quelques centimètres du cou de la dame...

Elle était restée là et attendait ne serait ce qu'un regard. Squad restait silencieux, bien trop silencieux au gout de Kheysa. Un bruit de porte la fit tourner la tête voyant le Comte partir à toute hâte. Les laissant là, que se passait il? Perplexe, elle se demandait bien si sa place était encore là. Elle était femme de conviction et ne faisait rien à la légère. Kheysa voulait comprendre mais peut être n'en saura t'elle pas plus .... Il était temps de prendre une décision ...

HRP:Désolée pour ce long retard, mais j'attendais la réponse de Squad qui ne semble pas arrivée cela date du 5 mai .... donc je continue sans Wink

... Vous savez très bien qu'il n'y aurait jamais eu de révolution !
Le peuple parisien aurait rapidement compris vos projets opportunistes et félons et je doute sincérement qu'il vous aurait suivi...

Que je me taise ? ... Des gérémiades ?
Mais c'est vous qui, dans la plus grande lacheté, m'avez conduit dans cette horrible bicoque. Vous avez du mal à entendre cette cruelle vérité ?

Alors je vais vous la redire, droit dans les yeux..

Elle posa son regard empli de haine sur le traitre.

Vous êtes un homme lâche et totalement impuissant !
Et vous savez pourquoi vous ne serez jamais Roy ?
Je suppose que non...Et bien parce que..

Un Roy être puissant et fort,
Un Roy doit être droit et juste,
Un Roy doit être digne et pieux,
Un Roy doit symboliser l'unité et la paix,
Un Roy doit agir d'abord pour le peuple,
Et non pour ses interêts personnels..

Peut être que Louis n'avez pas toutes ces vertus...
Mais vous, messire, vous n'en avez aucunes !

Elle le vit se rapprocher dangereusement d'elle...
Mais elle ne pouvait s'arrêter et le laisser triompher aussi facilement...
Tout en reculant de quelques pas, elle continua :

Alors, si mon sang doit souiller le sol aujourd'hui, si je dois être la première victime de votre machination, si vous souhaitez devenir le meurtrier le plus pittoresque du Royaume... Faites le couler...

Ainsi, vous n'aurez jamais cette maudite signature !
Ainsi, le Royaume saura, comme je le sais désormais, l'homme que vous êtes réellement !
Ainsi, le Royaume saura toute la lacheté et la faiblesse dont vous avez fait preuve... Avant ... de me trancher la gorge...
Et...

Elle se paralysa... l'épée n'était plus qu'à quelques pouces de son cou.
Même si elle était pétrifiée de peur, même si elle avait envie de pleurer...
Elle faisait tout pour ne rien faire paraitre. Elle ne voulait pas lui donner cette satisfaction. Pourquoi pleurer ?
Son destin avait été tracé depuis qu'elle avait rencontré Louis...
Et puis... Elle avait la conviction que les Dieux viendraient à son secours et qu’elle n’était point seule devant ce tyran.

Agius, las, émit un long soupir.

- Si je n'avais pas les mains occupées, je vous applaudirais ! Quelle tirade ! Vraiment ! Sans mentir, tous les écrivailleurs du Royaume peuvent aller voir ailleurs. Nous avons tous les ingrédients pour faire une bonne farce. Le gros méchant fêlon, n'agissant que pour son propre comte et la future Reyne, blanche colombe perdue dans ses filets. Cette pièce est un peu trop manichéenne à mon goût, mais qu'importe elle fera pleurer dans toutes les chaumières ! L'esprit tybaldiste a contaminé bien des esprits à ce que je vois... Croyez-vous que tout est noir et blanc, que tout ce que nous vivons n'est qu'une lutte entre Néant et Être ? Niaiseries ! Je vais vous répondre point par point avant de vous envoyez aux enfers...

Réfléchissez un instant... Le peuple parisien suivrait-il le roy dont il n'a jamais vu le visage ou un comte qui depuis des années tente de rendre leurs quotidien plus vivable...
Vous me donnez des leçons à propos de la Vérité ? Voilà qui est cocasse. Voyons votre définition d'un bon Roy, pour voir si votre portrait collait avec la réalité.
Un Roy puissant et fort ? Louis ne l'était pas. Il ne serait pas dans cette situation si c'était véridique.
Un Roy droit et juste ? Louis ne l'était pas. Les énormes privilèges qu'il a pris à propos de la Religion n'en est que l'exemple le plus abouti.
Un Roy digne et pieux ? Louis ne l'était. Son règne ne fut pas béni par la volonté divine et je doute que cet ignorant ait mis une seule fois les pieds dans une église...
Un Roy doit symboliser la paix et l'unité ? Bel exemple ! Un Roy partant en guerre contre les Bretons pour symboliser la paix ! De plus, Il n'a jamais été l'unité du Royaume au contraire ! Il a favorisé l'émmergence des rivalités entre les villes, entre les hommes.
Un Roy doit agir pour les intérêts de son peuple et non du sien ? Bigre, vous avez une image de Louis bien dénaturée... Son règne peut être résumé par ses loys qui tentèrent en vain de renforcer sa place sur le trône... Donnez-moi une seule de ses mesures pour le peuple ! Vous en êtes incapable...
Magnifique royauté que vous défendez madame !

Trêve de bavardage... Vous m'ennuyez... Vraiment, Louis vous a perverti l'esprit. Vous croyez qu'une mort est héroïque ? Allez dire cela à ceux qui dans la bataille reçoive un boulet dans l'estomac ! Non madame l'héroïsme des chevaliers est mort face aux archers anglois et à la poudre !
Adieu dame !

Il leva son épée et elle s'abaissa soudainement, émettant un sifflement dans l'air moite de cette forêt. Le pommeau de l'arme frappa le front de Blanche et celle-ci s'écroula à terre, assomée.

La femme couchée dans l'herbe de cet endroit paisible perdait toute son aura de noblesse. Un mince filet de sang coulait de son front meurti. Agius rangea son épée dans son fourreau de cuivre et s'approcha du corps endormi. Il la souleva prestement et la mit sur son épaule. Notre nouveau Atlas se dirigea vers le cheval qui broutait à la même place qu'il l'avait laissé. Il posa la dame avec toute la délicatesse qui s'imposait et monta rapidement en selle.
Le cheval repartit d'un pas tranquille et pendant qu'Agius surveillait attentivement à ce que la dame ne tombe pas, le monde autour de lui continuait d'exister comme si de rien n'était. Les oiseaux chantaient encore, le ruisseau roulait encore avec son bruit mélancolique et le vent murmurait toujours entre les arbres. Ce geste n'était peut-être pas aussi important qu'il avait cru. Sur le chemin, le comte se mit à penser au châtiment que méritait cette attitude bornée.

(La suite : https://droits-divins.1fr1.net/paris-f14/rp-le-cachot-t177.htm)

Le temps s'était écoulé, la nuit avait déployée ses ailes sur la foret, les grillons et autres insectes de la nuit sortaient de leurs cachettes. Les hommes du Comte étaient encore là ... mais le comte lui n'était toujours pas de retour, ni la future reyne. Rien n'avait filtré, aucune information ... rien.

Silencieuse la jeune femme fit demander son cheval au soldat à qui elle l'avait confié à son arrivée.

Il était temps pour elle de repartir. Plus rien ne la retenait ici.

La route serait bien longue jusqu'à Reims, faisant preuve de prudence, sa décision fut prise. Elle avait rejoint Paris en catastrophe et n'avait pas prévu autant de provisions. Kheysa se rendrait à Paris puisse qu'elle n'en était pas loin. Un bon lit, de quoi manger et peut être reprendre la route le lendemain pour retourner chez elle.

Elle monta en selle et s'éclipsa dans les lueurs que laissaient passés les branches.

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[RP] La chaumière